Le voyeurisme
Est-ce “normal”?
Nous avons tous un petit côté voyeur. Que ce soit pour l’engouement des téléréalités ou pour l’intérêt des webcams, la curiosité sexuelle fait partie du fantasme de beaucoup de gens. Internet a joué un rôle important dans le développement du voyeurisme. En un seul clic, il est possible de voir une multitude de photos et de vidéos prises en plein feu de l’action.
Cette curiosité sexuelle est sans conséquence puisque les deux parties impliquées sont totalement consentantes. Là où le voyeurisme dépasse le simple fantasme, c’est lorsqu’un individu retire une satisfaction sexuelle en observant d’autres personnes à leur insu. Qu’elles soient nues, en sous-vêtements ou en pleine relation sexuelle, l’excitation du voyeur est directement liée au fait que les gens qu’il observe ne savent pas qu’ils sont épiés. C’est une intrusion dans l’intimité, donc un acte criminel.
Quand la curiosité devient un trouble de la sexualité
Selon le manuel des troubles mentaux (DSM-IV), pour qu’une personne soit diagnostiquée comme voyeur, il faut que ses fantasmes soient récurrents et que cette situation entraîne une souffrance et une altération dans sa vie personnelle et professionnelle. En d’autres mots, le voyeurisme devient un trouble de la sexualité lorsque le voyeur passe son temps à se planifier une opportunité qui pourrait assouvir ses pulsions sexuelles.
Je me rappelle d’un cas l’année dernière où un individu prenait plaisir à observer sa voisine prendre son bain. La victime soupçonnait l’homme de s’installer sur sa galerie pour la regarder par la fenêtre et un jour, elle a décidé d’y placer une caméra pour le coincer. L’homme est tombé dans le piège et a été condamné à une peine d’emprisonnement maximale de cinq ans. La justice ne lésine pas avec ce genre de cas. Bien que le voyeurisme soit assez récent dans le Code pénal (avant, les voyeurs étaient accusés pour atteinte à l’intimité), on relève au Canada plusieurs cas semblables et nous nous devons de porter plaintes si cette situation nous arrive.
Un désordre qui peut s’amplifier
Plusieurs recherches démontrent que le voyeurisme constitue une phase précoce d’un développement de troubles sexuels. Au départ, le voyeur ne tente pas d’entrer en contact avec ses victimes. Il se masturbera seul, en s’imaginant les images de la scène. Puis, vient un moment où les pulsions sexuelles deviennent plus intenses, et la recherche des moyens pour les assouvir plus concrète.
La majorité de ces voyeurs cherchent à justifier leurs comportements en mentionnant que les victimes prennent aussi plaisir à être épiées. Ils deviennent de plus en plus déconnectés de la réalité et leurs pulsions sont au centre de leurs préoccupations. Certains voyeurs tenteront alors d’entrer en contact avec leurs victimes par des attouchements, voire même en l’agressant sexuellement. La dégradation du trouble sexuel vient alors de s’enclencher.
Que faire si nous sommes victimes?
Il faut absolument dénoncer les actes de voyeurisme, car c’est une grave atteinte à l’intimité. Il faut savoir que vous n’êtes probablement pas la première ni la dernière victime, alors il faut y mettre un terme rapidement. Si vous semblez avoir des penchants pervers qui s’apparentent au voyeurisme, il faudrait consulter. Un(e) sexologue pourra vous aider.
Ce texte vous interpelle?
(Cette chronique sexologique est également publiée sur Canal Vie.)